Le Saphir du désert

Un voyage au Saphir du désert, 1409, Drud, 28.

Par Rhia Juza

 

J’étais arrivé au sein de Lubunsk par un mélange sophistiqué de hasard et de chance. Du hasard, car je l’avoue, il n’avait été aucunement question de s’arrêter en ses eaux turquoises. Et de la chance, car lorsque nous avons appareillé, le Saphir était encore assez mitigé quant à la vente d’esclave. Heureusement (bien que je devrait dire Malheureusement), entre le moment où nous approchant de ses côtes, le statut de cité indépendante venait d’être perdu, au profit d’une régulation de son statut envers notre cher Saint Empire Ikaréen. Ainsi, en nous abritant d’une tempête bienheureuse, nous découvrîmes que les lois de l’Empire s’appliquaient dorénavant au sein de la cité.

Nous en avons bien entendu profité pour décharger les plus belles pièces de nos cales, afin de les proposer à quelques riches artisans, désireux de réduire leurs coûts de production. Et j’en profita pour découvrir cette magnifique cité que notre Empereur avait eu l’intelligence de ramener au sein d’Ikarea.

Cette ville, contrairement à son surnom, n’est pas construite en saphir pur. Ces murs ne sont même pas bleu. La ville tient son nom au large lagon où elle trempe ses murs et dont les eaux sont les plus bleu que mes yeux aient pu admirer. En arrivant sur le port de Lubunsk, notre regard est immanquablement attiré par cette immense avenue qui coupe la cité en deux moitiés parfaites, et donc la perspective donne l’illusion que les maisons s’empilent les unes sur les autres, jusqu’à atteindre la fameuse cathédrale de Sainte Kaalle, et sa toiture de marbre blanc.

Une fois le premier émerveillement passé, nous commençons à remarquer le nombre de Plébéiens qui usent le pavé du port. Lubunsk est probablement la cité la plus peuplé de l’Empire, après Notre Glorieuse Capital d’Atiaph. La principale différence étant que parmi ces gens du petit peuple, aucun jusqu’à présent n’était esclave. Si cette idée me tira une moue douteuse, je dois admettre quand la plèbes savait se tenir et reconnaître l’homme important que je suis.

En remontant l’avenue bondée, j’eus le temps d’admirer l’architecture de Lubunsk: En effet, de par la foule, nous ne pouvions avancer qu’à allure réduite. Si cette ville n’est rien en comparaison à Notre Capitale, il faut reconnaître au saphir une forme d’arrogance caractérisée de ceux qui se sont longtemps battus pour rester indépendant. La ville a su développer une architecture lui étant propre, en mettant en avant le bois de boulot (très abondant dans la région) la roche brune du sous-sol, et les toitures pentues aux hautes pinacles de pierres, couvrant d’effroyables chimères ou monstruosités. Chaque maisons arborait des couleurs différentes, toutes plus riches et lumineuses les unes des les autres. Aux fenêtres rondes ou en losanges, on pouvait voir des volets blanc ou crèmes, dont l’usage ne devait qu’être décoratif. En effet, ces pièces de bois étaient largement ajourée, de motifs variés, tels que des cœurs, des feuilles, ou des fruits.

Les habitats les plus riches arboraient des volets dorés à la feuille dans les angles, en suivant les tracés d’un lierre gravé dans le bois.

Ces maisons, étroites mais profondes, pouvaient abriter jusqu’à cinq familles d’ouvriers ou de marchands. Les plus pauvres partageaient les espaces communs, et les plus riches possédaient des étages entiers, parfois long de plusieurs centaines de mètres. Mais parmi les demeures fines, des mastodontes de grandiloquence étaient parfois érigés. Ces structures, parfois de la taille d’un pâté de maisons, appartenaient aux plus riches et nobles gens que Lubunsk, et les gardes de la ville en protégeaient les entrées.

Régulièrement, les maisons, étroitement serrée les une aux autres, laissaient l’espace pour une ruelle couverte, où je pu admirer les nombreuses échoppes vendant à peu prêt tout ce que le cœur désir. J’admirais même certains objets dont je tairais le nom dont l’Empereur lui-même avait interdit l’usage et la vente. Je ne m’en inquiéta point: les bouleversements de la cité méritaient du temps pour prendre racines dans l’esprit des commerçants. Et s’ils s’entêtaient, Sa Justice s’abattrait par la main de ses soldats, quand ces derniers prendraient la ville en Son Nom.

Parfois, je pu admirer de somptueux parcs végétalisés. Ces espaces, libre d’accès a chacun étaient  des zones de repos pour le peuple, mais aussi de véritable parc botanique où se côtoient de nombreuses plantes venues parfois de très loin. Des serres permettaient de réguler la température pour les plantes les plus fragiles, et de vastes espaces étaient cultivé pour la production de certaines herbes très utiles à la santé ou au confort. Je pu sans difficulté m’approvisionner d’un excellent tabac pour m’ouvrir les bronches en cette chaude journée de Drud.

Mais après trois heures a piétiner, j’arrivais enfin à la Cathédrale Sainte Kaalle, construite en l’honneur d’une Larme ayant empêché à la cité d’être converti par l’Empereur, moins de trois siècles plus tôt. Si de mon point de vue, avoir érigé une cathédrale au nom de cette hérétique était une aberration, je dû néanmoins reconnaître la qualité de l’ouvrage et des sculptures qui s’offraient à moi depuis les hauteurs de sa façade.

Comme toute les maisons ici, la cathédrale était peinte de centaines de couleurs différentes, narguant l’austérité des temples Ikaréen. C’était de véritables tableaux en relief, qui relataient toute la légende de Kaalle, depuis son arrivé dans la cité en 1189, jusqu’à son départ, douze ans plus tard. Même si je ne suis pas un connaisseur des légendes païennes, je pu néanmoins remarquer la célèbre fresque, où Kaalle seule avait réussis à repousser l’attaque de l’Empereur en usant de maléfices et de malices. Le fait que les fier guerriers du Saint Empire soit représenté en chiens baveux me choqua moins que le fait que l’Empereur Éternel soit plus petit, et a genoux devant l’hérétique. Je me consola, en me disant qu’une fois de plus, Il saurait effacer son sourire narquois à cette infidèle.

En entrant dans le temple, je fus projeté à l’intérieur d’une sombre caverne. C’est du moins l’effet que cela me produisit, tant la lumière était faible entre les murs de la cathédrale. Nos temples, malgré leur rigueur, avaient au moins l’audace d’être pourvue de larges verrières et vitraux pour illuminer Sa Gloire. Je dus passer quelques minutes, yeux fermés, avant de pouvoir avancer sans me prendre les pieds dans les dizaines de tapis colorée qui couvraient le sol. La seule lumière provenait de chandeliers, disposés tous les dix mètres environs, et qui guidait le visiteur jusqu’à l’autel de Kaalle, où un prêtre des Larmes pouvait à tout moment apporter son soutien aux paiens. Je savais parfaitement que les Larmes n’étaient rien de plus que des xénos issus du Vide, et que seule Sa Paroles me guiderait vers la réussite et le bonheur. Je fit une moue négative, lors que le faux religieux s’approcha de moi en souriant. Je reporta mon attention vers les murs décorée de nombreuses statue de Larme. Pêle-mêle, j’en reconnu un ou deux grâce à leurs hauts faits, sans parvenir à remettre un nom sur leurs visages si banal.

Je dû cependant abrégé mon observation, car le beffrois se mit à sonner l’un de leur rites. Ne souhaitant pas être pris pour l’un de ces hérétiques, je me dépêchais d’atteindre la sortie avant l’arrivé massive des croyants crédules qui remontaient l’avenue d’un bon pas. Je resta le long d’un mur, jusqu’à ce que la masse grouillante ne libère les rues, et je retrouva ainsi après plusieurs heures mon si précieux espace vital. Arpenter ainsi la ville me sembla bien plus agréable, aussi j’osais m’enfoncer dans l’une des rues couvertes que j’avais précédemment cité. Les boutiques étant fermé, je me rabattis sur l’analyse des structures de cette petite rue qui, l’espace d’un instant, fut mienne. Dans des renfoncements des structures, je pus voir autant de cours qu’il n’y avait de maisons, où des escaliers de bois ou de pierres plus ou moins sculptées donnaient accès à chaque étages de ces hautes propriétés. Chacun de ces espaces était coquettement décoré de plantes et de sculptures représentant des animaux et des hommes et femme à l’anatomie parfaite. Si la nudité au sein de l’Empire est une chose courante, les postures, ainsi que les scènes représenté ici me mirent mal à l’aise. Tant de dépravation dans l’art ne pouvait qu’avoir un impact fort négatif sur une population déjà si dégénérée.

Après avoir déambulé pendant plusieurs heures dans des rues tantôt bondées, tantôt vidées de leur population, le soleil me rappela à mon navire. Nous n’étions ici que pour la journée, afin de sonder la population pour l’implantation potentiel d’une enseigne. En revenant, je ne fut que partiellement surpris de constater que les marchandises s’étaient mal vendu. Malgré cette situation, je restais optimiste: les nobles de Lubunsk avaient sut trouver dans mes filles un intérêt certain, et avant même que les voiles de mon vaisseau ne soit déployé, j’envisageais déjà d’installer lieu de joie au sein du saphir du désert. Chaque peuple a ses faiblesses, que je saurais user a mon avantage.

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